6 janvier 2011

Au pied du mur


Ma main à couper que vous connaissez l'histoire de la personne qui aimerait surtout avoir du temps pour écrire, pour lire, ou tout autre activité considérée comme plaisante... Qui se plaint assez souvent, en filigrane ou en quadrichromie, de n'avoir pas le temps pour cela. Qui s'en veut, d'ailleurs, de ne pas savoir créer ce temps-là. Parce qu'après tout, même en travaillant aux 35h "modernes" (comprendre 65), "si on veut vraiment, on peut", ou ce genre de sentences qui piquent un peu... Et bien, je vous le donne en mille. Une fois que toutes les conditions optimales sont réunies, qu'elle n'a plus d'obligations, un beau bureau, de la lumière, du café et un chat qui ronronne, et bien... pfffft. La fuite. Le bruit du sable dans lequel l'autruche enfouit sa tête. De l'agenda du jour qu'on bouleverse pour ne surtout pas - grands dieux, non - faire ce qu'on veut faire. Bien sûr qu'il y aura toujours des lessives à lancer, des murs à peindre, des tables à décorer avec un motif pieds-de-poule, des courses à faire, des lettres à écrire. Quel beau refuge... Et s'installe la question de la grande frontière : écrire, est-ce un "vouloir" ou un "devoir" ? Ces petits moments où l'on se trouve confronté à nos désirs sans réussir à les concrétiser, où insidieusement se faufile la question "en ai-je vraiment envie"... pire, "en suis-je vraiment capable"... Que vont les prochains temps m'apprendre sur ce que je suis ? Et bien, si ce n'est pas être au pied du mur, je veux bien me faire nonne.

Bon. Je crois qu'il faut que j'arrose mes plantes.

Et sinon, le 28 décembre, un des secrets de la vie m'a été révélé :
"Tu verras, avoir 30 ans, c'est super !"
"Ah ?"
"Oui ! Parce qu'à partir d'aujourd'hui, quand tu as une opinion, tu n'as plus à te justifier, elle est au-to-matiquement valable"

10 décembre 2010

J'ai réfléchi et je m'suis dit...


... qu'il allait falloir arrêter de prendre les vessies pour les lanternes et commencer à installer soi-même les ampoules. Ceci est une métaphore tellement filée que je ne suis pas sûre de trouver le début de la pelote, mais je compte sur votre sens de la maîtrise pour y trouver une signification forte, riche voire sublime. En parlant de sublime, j'étais dans le métro (non il n'y a aucun lien de cause à effet mais je cherchais un ersatz de transition) et mon oeil léchait les publicités sans s'en apercevoir. Et là, j'ai lu "la vie change avec Orange". ça a commencé à me titiller les entournures neuronales, cette affaire. Outre le grotesque de la signature - le jour où Orange changera ma vie, je promets de poster un commentaire de démenti argumenté - il me semble de plus en plus évident qu'à mesure que s'appauvrissent les utopies politiques, tout du moins leur capacité à prendre place dans l'espace public, à fédérer voire à faire rêver (...), les signatures, base-line et autres fondamentaux communicationnels des grands groupes, publics ou privés peu me chaut, prennent le relais et se nourrissent de ces utopies que ne peuvent, peut-être, plus se permettre les "composantes vivantes" de la démocratie. Et ça m'emmerde. Alors je veux résister à ma façon, en éclatant de rire face à ces signatures d'utopies volées. Non, Orange ne change pas ma vie. Oui, ça m'ennuie que ce soit EDF qui m'explique que "l'avenir est un choix de tous les jours". Je manque d'exemples dans l'immédiat, mais je suis certaine que vous voyez clairement ce dont il s'agit. Pour qu'une seule affiche croisée ce matin fasse tilt, il y a un substrat bien installé depuis quelques temps, c'est indéniable. Sur ce, je vais réchauffer mes pâtes, d'une marque dont je tairais le nom mais qui modifie profondément ma vision du monde au quotidien.
Engagez-vous, qu'ils disaient...

Et un petit dialogue, qui va tellement bien avec cette photo prise à Budapest :
"- Nan mais tu vois, moi je trouve que les chats, c'est mieux que les chiens.
- ...
- Si, c'est vachement plus indépendant puis tellement plus intelligent, ça fait ce que ça veut tu vois.
- Ah. Mais je ne comprends pas : en quoi le fait que le chat ne fasse JAMAIS ce que tu veux est signe d'intelligence ?"

29 mars 2009

Des plans sur la gommette


C'est amusant, la banalité. Tenez, tout à l'heure, j'étais en train de repasser ma chemise pendant que l'homme dessinait des plans pour fabriquer une mezzanine, et on sifflotait ensemble un morceau qui passait par là. Je ne sais pas pourquoi, j'ai soudain eu l'impression de vivre dans Boule & Bill. Je me demande ce que nous réserve la prochaine case...
À part ça, je vieillis, chers lecteurs, preuve en est le temps que j'ai passé hier à compter mes cheveux blancs. Comme mes collègues m'ont plaisamment fait remarquer que j'avais quelques brins cotonneux dans ma chevelure de charbon, j'ai dû faire face à la réalité, qui se tenait dans le miroir de la salle de bain. J'ai voulu les retirer, mais l'homme a dit que si je m'y employais, je serai bientôt chauve. Je ne sais pas pourquoi, j'ai soudain eu l'impression de vivre dans ma vie, je me demande ce que me réserve la prochaine décennie. Une certitude : elle inclut des frais de teinture. Ce sera l'occasion de tenter le blond, ne nous plaignons pas, encore une possibilité incroyable qui se jette à mes pieds. Vive l'avenir, je ne vous dis que ça.
J'en discutais l'autre soir avec un de mes bons amis (blond, donc inaccessible aux affres du cheveu blanchissant) : la certitude de vieillir se manifeste d'une nouvelle façon. Jusque peu, mon passé était linéaire à mes yeux, une seule et même personne faite de souvenirs s'accumulant tranquillement, tous "à portée de main" du quotidien, facilement connectés, rapidement convoqués, rassemblés en un tout formant une suite d'enchaînements plus ou moins logiques mais, en tout cas, à peu près "contrôlés". Pour prendre une image, je voyais cela comme j'observe la lente gestation de la Guinness, lorsque les bulles compactes remontent peu à peu, en strates étonnantes. Bref.
Or, je fais l'expérience ces derniers temps d'une vie à tiroirs. Certains sont rangés dans le fond du fond de l'armoire (vous admirerez la belle image que voilà), et lorsqu'un élément les ramène au premier plan, c'est alors un pan entier qui surgit, totalement absent de mon esprit depuis parfois... longtemps. Les facebook et autres n'y sont pas pour rien, faisant ressurgir des personnes, des souvenirs, des moments entiers de vie totalement oubliés, éclipsés, triés, voire balancés. Soit, lorsque l'on a 10, 15 ou 18 ans, on a bien évidemment moins de souvenirs (et sans doute meilleure mémoire) qu'à 25, 30... C'est une donnée simple et dont on a conscience. Mais, c'est une chose de s'en douter, une autre de le ressentir. À tel point que me voilà aujourd'hui en possession de très nombreux éléments qui me portent à douter que ces souvenirs, ces tranches de vie, sont ceux qui composent la même personne. Étrange. Bien sûr, on change, on évolue, et justement nos expériences et le souvenir que nous en tirons nous amènent vers cela. Banal, évidemment, mais c'est une chose bien étonnante que de l'expérimenter concrètement. D'autant que, dans les yeux de nos géniteurs, nous restons toujours les mêmes, dans les petites cases formées lors des jeunes années. Et aux yeux de toutes les personnes que nous ne voyons plus, que nous ne verrons plus, nous représentons également une personnalité qui nous serait aujourd'hui totalement étrangère, voire désagréable. De la même façon qu'eux sont une partie figée de ce décor immuable, tapis au fond.
Alors, à quoi servent les souvenirs ?

À devenir sage, sans doute... Comme les cheveux blancs.

Bon puis c'est pas le tout hein, la prochaine fois je rameute de bonnes blagues et un tas de gaudrioles, hop hop hop. Peut-être même que la prochaine fois j'écrirai depuis la mezzanine, soit à 90 cm exactement sous le plafond et à 1m56 partant du sol. C'est que, les plans sur la gommette, ça me connaît. D'ailleurs en parlant de gommette, il est probable que l'été se passe au Québec : retour à mes anciennes amours, à nous les écureuil, les baleines, les ours, les ratons laveurs, le lac du Saguenay et Montréal la merveilleuse ! Alors bien sûr, pour s'y rendre il faut prendre l'avion, et là j'ai beau convoquer mes souvenirs pour me faire sagesse, en avion, j'ai peur de tomber. En même temps, j'ai tout le temps peur. Par exemple, j'ai peur que la mezzanine s'écroule, ou bien le plafond sur la mezzanine, ou encore le sol sous la mezzanine.
Gommette, vous disais-je.

Allez, happy end pour la peine :
"L'amour, ce n'est jamais tout à fait à vous qu'il s'adresse, l'amitié est précaire comme la vie : mais la haine ne rate pas son homme et elle est sûre comme la mort".

On ne râle pas, c'est du Simone.

1 mars 2009

Campanique


Repérer, traquer, une à une, les choses qui mangent votre énergie vainement, sans contrepartie. Les disséquer, leur tordre le cou et prendre vos jambes au votre, de cou. En me baladant pour arriver ici, quelques mots d'une "news" aguichante résumant le propos d'une étude selon laquelle plus les semaines sont longues et harassantes, plus l'on devient bête. Petite goutte en plus sur la vitre pluvieuse du moral du dimanche soir. Je n'aime pas me sentir triste sans en connaître la raison. D'autant que cette semaine fût riche en moments sympathiques, ce qui ajoute à ma perplexité face à l'état de fait : morose je suis, sous la couverture orange sur le canapé rouge.
J'ai pourtant vécu un moment campanique, méritant d'être mentionné pour la beauté du néologisme et pour le rire franc et entier qu'il a suscité parmi les trois compagnons d'automobile que nous étions l'espace de quelques heures, en route vers Gournay-en-Bray. La découverte de la poésie des films de Kitano, également. S'il est une chose que j'aime dans le fait que les autres existent, c'est quand ces autres ont le don de vous emmener vers leurs amours. Au plaisir de les découvrir s'ajoute celui de les avoir connues par eux. Dans ces moments-là, j'aime ne rien savoir, être guidée vers, en toute simplicité, de celle qui créent les beaux partages.
Cette fin de journée me laisse un goût d'échec. Elle n'en a pourtant compté aucun, enfin, si l'on accepte le fait que de n'avoir eu ni le courage d'aller nager ni celui de faire la lessive ne puisse s'apparenter à la notion d'échec. Et mat, bien entendu.
Non, c'est un goût plus lancinant, un goût de planning non respecté, un goût d'envies non réalisées, un goût de désirs insaisissables qui flottent alentour. Qui me fait dire qu'il faut cesser d'avoir peur de tout, et surtout de rien, en particulier de son ombre. Qui m'envoie vers des lendemains qui sifflotent mais que je n'atteindrais certainement pas le cul vissé sur le canapé rouge sous la couverture orange. Il faut que je réapprenne à rêver. J'ai lu ce week-end une rédaction du petit frère, d'un bon sens désarmant "il marcha plusieurs heures dans le désert vers le pays magique puis il eut soif. alors il s'aperçut qu'il n'avait plus d'eau dans sa gourde". ça m'a donné envie d'avoir 11 ans.

Perle du soir :
- rho j'ai la flemme de me faire à manger pour moi toute seule. nan mais parfois je me demande comment je ferais, sans corps, je ne me rendrais même pas compte que j'ai faim.
- c'est fort probable, oui.

15 février 2009

Castoramor


Hier soir, Simone était là. Et j'étais drôlement contente, parce que Simone me manquait beaucoup ces derniers jours. Cette fois en plus, elle était là avec sa voix, son visage, ses mouvements, tout ça sur l'écran et j'étais émue. Le son, années 70, était mauvais. Elle parle très vite, trop vite, d'une voix un peu nasillarde. Et elle sourit, elle s'amuse des questions qu'elle pose à Jean-Paul entre trois cigarettes, elle le titille et ça les fait rire. Je l'imaginais avec une voix de clopeuse invétérée, sombre, grave, rocailleuse, lente, cherchant le mot juste. Or, c'est un flot rapide, brusque, comme une échappée belle de phrases courtes. C'était un complément d'aperçu, qui faussait l'idée que je m'étais faite d'elle au long des quelques milliers de pages où je la suivais des yeux. Ces cinq tomes de mémoires, lus d'une traite, l'un entraînant l'autre jusqu'à la dernière page. Où j'ai eu un goût de pas assez, un ressenti de finitude non désirée. J'en voulais encore, j'en veux encore d'ailleurs, mais ce seront d'autres livres, d'autres idées, ce ne sera plus sa vie à elle, ses humeurs, ses sentiments, sa vision des choses. Voilà une lecture qui ravigore, qui rafraîchit dans ma mémoire une histoire pas si lointaine, mais que mon âge ne me permet pas d'avoir vécue. Un éclairage nouveau, en somme. Voilà des pages que j'ai pris un immense plaisir à lire, et quand je dis que Simone me manque, je suis à peine dans l'excès. J'ai aimé connaître son histoire, particulière, découvrir à travers sa vision l'histoire de la France des années 40, celle de la France de la guerre d'Algérie, celle de la France de Mai 68. Et surtout, découvrir à travers ces pans de l'histoire, sa vision. J'aime l'entendre vouvoyer Jean-Paul, j'aime ses recherches et écrits pour les femmes, j'aime ses indignations, son sentiment de solitude, j'aime ses mots. J'aime qu'elle raconte ses écrits, ceux de son compagnon. J'aime voyager à ses côtés : Rome, URSS, États-Unis, Chine... J'ai aimé lire cette existence, la voir se dérouler sous mes yeux, au chaud dans mon lit, comprendre et réaliser : toute une vie fondée autour de ses passions, de ses conceptions, amoureuse de la pensée, de la réflexion, aux aguets des mouvements, de l'écriture des autres, des vies des autres.

C'est un dimanche agréable. Soleil, tarte aux pommes, musique, balade dans les Buttes avec l'amie. Un dimanche comme on en voudrait des tas. Qui se terminera doucement, qui se terminera bien, car demain c'est congé. Et on apprécie d'autant mieux le dimanche lorsqu'on a la certitude d'en avoir un deuxième... dès le lendemain.

- Mais il ne comprend rien, je lui donne des items et il fait n'importe quoi.
- Ah bin écoute, c'est très clair hein, item ou tu le quittes !


Fichtre, je crois que j'ai fait cramer la tarte. Rha.

7 février 2009

Sapristi


Je me demandais l'autre matin, quand la boulangère m'a engueulée parce que je n'avais pas 2,36 euros exactement, quand le cycliste sur le trottoir hurlait sur les piétons pour qu'ils le laissent passer, quand l'ado m'a traitée de grosse connasse (pardon de la grossièreté, elle n'est pas de moi) puisque je n'avais plus de cigarette à lui donner, bref un matin comme les autres en somme, et donc, plongée tout entière dans ce contexte, je me demandais si les gens étaient heureux. Globalement. Enfin, pas heureux-heureux réjouis tout guillerets singing in the rain, mais heureux passable, heureux tranquillement, heureux sans bruit. Je n'ai pas trouvé la réponse. C'est malheureux.

En même temps, quand on y pense, le bonheur, hein... Déjà, c'est sans garantie, aucun remboursement en cas de défaillance. Trop risqué pour investir, donc. Et puis ça demande du travail : ça s'entretient, ça s'astique, ça se fait briller, reluire. Et du travail, chacun en a déjà bien assez. Puis, à y regarder de plus près les gens heureux sont ennuyeux, trop désinvoltes pour tenir une conversation, ils sourient bêtement, et en plus ils sentent mauvais. Vous avez déjà passé une soirée entouré de gens heureux, vous ? C'est d'un pénible ! C'est d'un fade ! C'est à peu près aussi intéressant que de regarder cuire un navet. Alors qu'avec un panel de malheureux, c'est l'aventure assurée ! Toujours un aigri avec qui s'engueuler, toujours un désespéré à plaindre, comme on s'amuse, comme on se sent vivre ! D'ailleurs, la force créatrice et l'inspiration des gens tristes forcent le respect, leurs mésaventures sont sources de franches rigolades. ça tient chaud, le désespoir, ça occupe, ça a du sens interdit. Et puis le malheur, c'est bon pour le système, j'en suis à peu près certaine. Une personne engoncée dans ses problèmes ne sentira pas le climat se réchauffer, ne fera pas la différence entre une possibilité d'avenir radieux et une certitude de futur désastreux, parce qu'au fond, c'est le cadet de ses soucis. Bien plus pratique, dans la plupart des cas.

Mais alors, vous croyez qu'ils organisent la tristesse et l'abattement des foules ? Un logiciel de mauvaises nouvelles derrière tout ça ? Sapristi, quelle bonne blague ! Alors, si les piétons sont malheureux, c'est la faute aux gouverneux. Tant mieux, et merci. Parce que du coup, qu'est-ce qu'on rigole ! Ils pensent à tout ces gens, c'est drôlement confortable.


Dialogue en boîte
- Rha punaise, je bosse sur tel bidule, qu'est-ce que c'est chiant.
- Bin moi je suis sur tel truc, pas terrible non plus.
- Ah vous aussi vous en bavez, ça me rassure.
- Mais... Ils sont où, les dossiers intéressants ?
- Chez les concurrents.

8 janvier 2009

Ô rage, ô désespoir, ô vaisselle ennemie


L'inventeur de la vaisselle mériterait mon éponge dans la figure. Je n'ai pas pour habitude de prêcher la violence, mon pacifisme est d'ailleurs unanimement reconnu par la confrérie des araignées, mais comme dirait Georges Clooney "trop, c'est trop". Si la personne qui a imaginé cette activité - jamais établie discipline olympique, c'est tout dire - lit ces lignes, alors qu'elle ait le courage de les affronter, qu'elle les lise jusqu'au bout, oui ! pour prendre la mesure de la torture qu'elle inflige au quotidien de tout un chacun, déjà laminé par un dur labeur et une cuite de la veille. Illustration par la preuve : ce soir, je regagne mon foyer, émue par la douceur et la chaleur que tout un chacun retrouve dans son foyer quand soudain, je la vois. Tapie dans l'ombre, elle n'attendait que la lumière pour éclater au grand jour. Elle est là, elle gît et pourtant une grande force émane de sa présence. Je sais déjà qu'elle me vaincra. Pas un bruit, pas un cri, pas même un soupir. Elle ne dit rien, elle ne fait rien, elle est LA. Ne vous fiez pas à son air inerte et inoffensif : son arme est ailleurs. Déjà, le foyer me paraît moins rassurant, en quelques secondes les perspectives qui s'offrent à moi me rattrapent et me donnent envie de fuir, peut-être même de retourner au travail, cet autre foyer dont la chaleur est également prouvée (le système de chauffage y est excellent) et où l'ennemi n'a pas lieu d'apparaître. Car la vaisselle n'existe pas, au travail, c'est un îlot préservé : pourquoi croyez-vous que les gens vont bosser, le matin... Triste vérité.
S'ensuit une longue phase d'évitement, stratégie hautement testée mais malheureusement éprouvée. ELLE vaincra, vous CAPITULEREZ. Inutile d'agiter le torchon blanc, aucun dialogue n'est possible. Et pourtant, je tente tout de même le coup. Astuce d'évitement numéro 1 : "tiens, mais reste donc dîner avec nous", toi qui passais pour 5 minutes, cela repoussera d'autant l'inévitable affrontement... Tes récits, autant de bouées de sauvetage qui me font oublier, l'espace de quelques secondes, l'effroyable issue de cette journée. Mais... tu t'en vas. La porte se ferme et je la REvois. Terrible face à face. Je l'envisage. Je la jauge. Elle pèse son poids. Elle est numériquement largement supérieure. Découragement.
Je sors alors le joker : la refourguer à l'homme. La mauvaise foi employée à cet instant critique peut atteindre des sommets qui me fileraient le vertige.
La joute argumentaire s'engage :
"dis... par hasard... tu veux bien faire la vaisselle ?"
"..." (traduction : regard de biais signifiant hors-de-question-c'est-ton-tour articulé très lentement)
"mais j'ai eu une journée difficile"
"...... - bis"
"promis si tu la fais ce soir je ferai celle de demain"
"on n'est pas là, demain" (merde, il s'en souvient)
"mais toi t'as toujours les plus petites vaisselles, moi j'en ai toujours trois tonnes"
"c'est faux" (merde, il sait)
"oui mais toi tu la fais plus vite"
"c'est toujours faux" (putain, il sait TOUT !)
"si tu la fais je serai trèèèès gentille, t'auras même un massage"
"tu m'en dois déjà 28" (merde, il s'en souvient - bis).
Je tente le tout pour le tout : "Naaaaan, ne me laisse pas, seule, face à ELLE, je PEUX pas, j'ai PAS le courage, en plus j'avais PLEIN d'autres trucs à faire absolument"
"tu ne m'apitoieras pas, femme".
Ach... De guerre lasse, je baisse l'échine, courbe le dos, me saisis de l'éponge que je hais, du liquide vaisselle que je sur-hais et de la première assiette que je sur-sur-hais. Ma haine est telle qu'elle m'aveugle, je risque de laisser des tâches mais... tant pis. A ce stade, que voulez-vous, l'honneur n'existe plus.

Et ce qui m'étonnera toujours, je dis bien TOUJOURS (forever, pour mes lecteurs étrangers) c'est qu'après 10 ans de pratique intensive de ce sport, je suis toujours infoutue de ne pas m'arroser avec les cuillères. Je voudrais leur donner cette inclinaison dans le but de m'arroser volontairement que je ne pourrais pas. C'est plus fort que moi, c'est... la vaisselle.
Car je ne connais pas ce sentiment de plénitude, cette sensation d'une tâche bien accomplie dont parlent certains. Non. Je suis fourbue, j'ai les mains qui puent le liquide vaisselle senteur stupide, j'ai les petites rides de baignade prolongée sur les doigts, j'ai mal au dos. Car non, je n'ai pas les gants magiques pour faire la vaisselle, et oui, le lavabo est trop bas. Je suis mal armée. Ce combat n'est pas pour moi.
Et, à chaque fois, mon amour de la vie en sort amenuisé.

Heureusement, il me reste la lessive.

4 janvier 2009

C'est une question de focale


Lectrice, lecteur,
Je vous passe le paragraphe d'excuses concernant une absence qui me vaut d'être cataloguée dans les R.I.P d'un blog que j'oserai qualifier d'influent, et je plonge en direct dans les profondeurs marécageuses de l'inspiration douteuse des débuts d'année. Car début d'année rime généralement avec bilan, point, débrief de l'année passée voire des 28 dernières années, enfin en ce qui me concerne, ce chiffre étant à adapter à l'âge de vos artères respectives, bien entendu. Et bilan, point, débrief, engendrent automatiquement un élan - c'est sociologique, que voulez-vous - vers des espoirs, des rêveries, des enthousiasmes auxquels nous pourrions avoir la bêtise de nous fier. Or, point d'emballement. Restons calmes. Non, nous ne pourrons pas arrêter de fumer juste parce que l'idée nous a traversé le cervelet à 23h59 le 31 décembre. Ah, mes amis, c'est que ces choses de l'arrangement de la vie dans une direction qui nous plairait davantage sont complexes et demandent des qualités rares : volonté, courage, sens du sacrifice, et j'en passe ! Et donc, où sont passées ces qualités ? J'en entends qui répondent "au 3ème mois de la 17ème année, au moment du passage du bac, grosso modo". Bon. Soit. Mais que faire alors, sans courage, sans volonté ? J'ai dans ma besace (que j'ai fort jolie d'ailleurs), deux possibilités de solution. Dans le premier cas, il suffit de revoir toutes ses ambitions à la baisse, ce qui s'avère d'une simplicité déconcertante. Exemple : au lieu de rêver d'un voyage au Japon, pourquoi ne pas le remplacer avantageusement par l'espoir de camper 3 jours en Creuse ?! Plutôt que de rêver à une teinture blond platine, d'un entretien plus que complexe, pourquoi ne pas envisager un simple balayage, mmm ?! Cette première solution tolère une déclinaison, certes plus douloureuse mais rudement efficace : ne rien souhaiter, n'avoir plus de rêves, plus d'envies, plus de désirs, plus d'espoirs de progression personnelle. Vous pouvez également envisager le suicide, cela revient sensiblement au même.
Mais passons à la deuxième solution, car je sens que vous l'attendez le coeur battant. Eh bien, c'est simple mais il fallait y penser : il s'agit d'avoir un bon planning ! Mais oui ! Avouez que vous êtes pantois voire chancelants d'émotion, et je préfèrerais d'ailleurs que vous soyez chancelants d'émotion car j'ai un faible pour cette expression. Enfin bon, vous faites comme vous le sentez, on est libre encore dans ce pays, nom d'une pipe ! Donc, voici le mode d'emploi d'une année réussie : vous vous saisissez d'un bon planning. D'un coup d'un seul, vous envisagez le nombre de jours dont vous disposez cette année, qui devrait s'approcher approximativement du nombre de jours des années précédentes, je sais c'est décevant mais pour être fort il faut savoir passer au-delà de telles déconvenues. Quand vous l'avez dépassée, vous êtes fin prêts. Faites une liste de tous vos objectifs puis crayonnez votre temps libre dans la couleur de votre choix (évitez cependant le noir, qui donnerait immédiatement à votre année à peine entamée un aspect sombre et décevant. Or, "point trop n'en faut", comme disait Nietzsche). Calculez le nombre de journées de temps libre qui s'offre à vous. Convertissez en heures. N'oubliez pas les heures de sommeil, petits sacripants ! Il ne vous reste qu'à dédier à ces heures les moments consacrés aux projets que vous souhaitez du plus profond de votre être avoir accomplis d'ici le 31 décembre 2009. N'omettez pas de considérer la courbe de progression, évidemment. Avouez que c'est très fort. Bien entendu, cela ne règle pas le problème de la volonté et du courage, mais je trouve que vous m'en demandez beaucoup en un seul post, je vous rappelle que je suis seule derrière cet écran, je ne peux matériellement pas me permettre de penser à tout. Ah non mais je vais m'énerver ! C'est quoi ça, de râler alors que je vous livre gratuitement la recette du bonheur ?! Cela étant, une piste à creuser : il semblerait que le secret de la motivation réside dans le ô combien célèbre coup de pied au cul. Pour cela, demandez à votre compagne / compagnon / voisin / concierge / patron / collègue ou ami bien intentionné. Et si vous n'avez aucun de ces individus dans votre entourage, je vous conseille fortement d'inscrire ces rencontres dans le planning sus-mentionné. Car, comme ne le dit pas la formule, "on a toujours besoin d'un plus petit que soi pour se foutre un bon coup de pied au cul".

Et sinon, je me demandais : si les poules avaient des dents, pensez-vous qu'elles apprécieraient les Carambars ? Franchement, la Terre est si pleine de mystères que mes yeux se mouillent de larmes d'émotion.
Ah, c'est trop ! Je vous laisse, mon planning m'indique qu'il est l'heure de manger sain. Je vous le dis, cette année encore, on va bien se marrer.

4 juin 2008

Imaginez donc un titre qui vous ferait plaisir


Et voilà. Le truc habituel. Il suffit que j'ai une énorme envie d'écrire ici pour ne plus savoir que dire une fois installée dans mon canapé rouge. Et puis, avec une introduction pareille, je pense que j'ai déjà perdu 75% de lectorat, et rien que de penser à ça je suis turlupinée (c'est quelque peu sexuel, ce mot, il faut que je vérifie s'il existe). Moi, la reine du petit teasing entre amis, j'échoue ainsi lamentablement contre l'introduction d'un texte dont je ne connais même pas le contenu ? D'un texte dont toute la substance prend sa source aux premiers mots jetés là, au hasard, en pâture immédiate à mon cerveau allongé ? J'aurais presque envie de tout effacer et de reprendre depuis le début, mais alors la spirale infernale s'enclencherait de nouveau, impitoyable, menaçante, et je terminerais écartelée sur mon canapé rouge entre tant de désir de bien faire et tant de désespoirs de ne pas savoir par où commencer. J'en suis même à penser là tout pile poil maintenant à faire un texte dans lequel je raconte seulement que je n'arrive pas à faire un texte. Mais quelque chose me dit que ça pourrait mal passer, qu'on pourrait croire que j'exerce un certain foutage de gueule, par exemple. Moi ! Alors qu'au contraire, mon amour du prochain est si fort que ma poitrine est parfois sur le point d'exploser, c'est vous dire si je veux bien faire ! Mais non, je recule. Car je pense que le concept "écriture narrative d'elle même" m'est très largement inaccessible. Ce serait plus confortable pour un écrivain célèbre, ayant reçu un paquet de décorations, dont on dirait que c'est l'écriture de la maturité, l'exercice ô combien délicat de la confrontation avec le néant, l'équilibre complexe qui prend pour postulat le refus d'une écriture du récit.
Bon. Passons aux choses sérieuses et désopilantes. Car on peut être une chose à la fois sérieuse et désopilante, j'en suis convaincue. Par exemple, le pote québécois qui est arrivé samedi matin est tout à fait représentatif de cette catégorie. Sauf qu'il n'est pas une chose, bien entendu. C'est donc très sérieusement qu'il me disait que j'avais tout à fait raison d'aller me coucher, à moitié bourrée, avec Surveiller et Punir à la main. Et qu'il ajoutait que je n'avais bien évidemment absolument pas envie d'une cigarette, tout en fumant une clope sous mon nez. Du coup on a ouvert une autre bière (que je n'ai pas terminée, ma conscience en est très fière (ma conscience étant inscrite au club des putain-je-vais-finir-alcoolique-anonymes)). Parce que OUI j'entame ma ...... (je n'ose donner le chiffre, ce serait indécent) tentative d'arrêt du tabac, mais ce n'est pas une tentative c'est évidemment un succès, je n'ai d'ailleurs jamais fumé, je ne sais pas quelle est cette chose qui produit du feu dans mon sac, je ne comprends pas qu'on prenne du plaisir à tirer sur ce cylindre grotesque, je n'ai pas du tout envie de fumer pas du tout même pas mal d'abord. Surtout avec DEUX fumeurs à la maison. Bref, vous l'aurez compris, j'ai envie de tuer tout un chacun surtout les tout un chacun qui me courent sur le haricot un peu plus vite que d'habitude, nom d'un petit bonhomme. C'est d'ailleurs pour cette simple raison que j'ai quitté le travail à 17h30 aujourd'hui, parce que quelqu'un restait un peu trop longtemps sur mon haricot et je n'aime pas bien bien qu'on envahisse mon espace vital, surtout mon espace vital végétal. En revanche, le médoc que je prends pour arrêter a des effets totalement incroyables, notamment un effet euphorisant fort gênant lorsque l'on se trouve sur un lieu de travail lambda, par exemple le mien. Non que mes collègues soient austères, mais je me tape fou rire sur fou rire derrière mon ordi, et je me sens si seule dans cette bien bonne rigolade, et ridicule aussi, un peu, ce qui fait que mon rire redouble car je m'observe du dessus et je me dis que ce n'est pas sérieux. Et pourtant, c'est désopilant. Ah. Je vous l'avais bien dit ! J'ai donc toujours raison, je sais, c'est énervant, mais c'est tellement agréable. Et voilà, je me re-bidonne toute seule. Heureusement, personne n'est là pour me demander pourquoi, ce serait drôlement long à expliquer que j'en suis fourbue d'avance. Ouf que je suis toute seule chez moi. Ah, texto de la demoiselle qui vient de s'offrir une basse. Putain. Putainnn. Je suis jalouse. J'aime les basses, j'en suis raide dingue, s'il ne pouvait y avoir que la basse sur certains morceaux je serais heureuse. Mais, le véritable problème, c'est que mon amour joue les synecdoques et que, ne pouvant avoir de relation durable avec un instrument, j'en viens à reporter mon amour sur... les bassistes. Je pourrais devenir homo pour une bassiste. Avec une inconnue bassiste, je précise à l'égard de mon amie qui risque de ne plus oser me rappeler ni me montrer comment elle assure grave sa race à la basse. Il y a plein de "ass" dans ma phrase. Eheheh. Et meeerde. Je re-rigole. Je vais finir par être infréquentable. J'en profiterai pour apprendre le japonais et le web 2.0. Et la basse, tiens. Comme ça, je serais amoureuse de moi-même, ce qui serait drôlement pratique car je saurais exactement quel cadeau me ferait mourir de plaisir.
Bon, je m'égare. Voilà, je suis sûre que j'avais des situations épiques et dignes d'une adaptation Hollywoodienne à vous conter, et puis *pouf*.
Ahhh, mais SI, mais bon sang c'est bien sûr ! Le mystère du trèfle !!! Ah, je sens que je reconquière votre intérêt, d'accord il est peut-être un peu tard pour reconquérir mais bon, ça se tente. DONC. La scène se passe dans le Jura, le Jura étant un département de la Franche-Comté, qui compte le plus petit nombre d'habitants au kilomètre carré, et d'ailleurs il y fait sacrément froid en hiver, heureusement on y était au printemps et il a fait tellement beau que j'ai bronzé avec la marque de mes lunettes (de vue). Mais ce n'est pas là que je voulais en venir. J'ai pu constater une fois de plus, et une fois n'est pas coutume comme disait Jésus, qu'il y avait un fluide particulier entre les trèfles à quatre feuilles et ma modeste personne. A croire qu'ils me sautent visuellement dessus (ce qui est sacrément fortiche, moi je dis : bravo les trèfles). Qu'ils m'appellent, qu'ils me tendent leurs petites patounes pour que je les recueille. Jugez vous-même : 15 trèfles trouvés en quelques vagues coups d'oeil seulement ! J'en offrais à mes compagnons de fortune ! A tel point que l'un d'entre eux a tout simplement vu rouge, et qu'il cherche encore aujourd'hui la solution à ce mystère épatant. Ceci dit, j'ai au moins appris une chose grâce à cette expérience humaine et sportive extraordinairement chargée émotionnellement parlant, c'est que le trèfle à quatre feuilles RESISTE au passage en machine à 40°C. Ah ! N'est-ce pas terriblement sérieux et tendrement désopilant ?
Sur ces entrefaits (j'adoooore ce mot) (et voilà, je me marre) bref, je vous laisse parce qu'il faut que je fasse le ménage et la bouffe pendant que mon mec boit une bière sur le canapé.

Mais rassurez-vous, je ne vous laisse pas sans quelques savoureux "morceaux choisis" (dites-le avec l'accent anglais, c'est tellement cute) :
Retrouvé dans un carnet :
Toute petite déjà ma conscience politique était formée, à l'inverse de ma conscience géographique. A tel point que je me suis longtemps étonnée que l'ouest soit à gauche et l'est, à droite.

De la signification du vote dans l'inconscient collectif, exprimé par un enfant :
- Dis papa, est-ce que Dieu existe ? - Bin, en fait, il n'y a pas de certitude : pour ceux qui croient en lui, il existe, pour les autres, non. - Mais est-ce qu'il existe ? - (explication bis, avec emploi de synonymes et d'exemples concrets) - Mais alors, si personne ne sait, on a qu'à voter !

D'un passage magnifique dans un livre catégorie A+++ :
- Fais gaffe avec moi hein, parce que je suis gentil !

Sachez que j'ai passé un très agréable moment en votre virtuelle compagnie, et que je compte bien vous revoir bientôt.

12 mars 2008

Escarpins


Alors voilà. J'ai un profil artiste-entreprenant. Même pas un profil historique, malgré mon nez en pente et mon menton en galoche. Du coup, comme je suis entreprenante, je viens d'envoyer tout le nécessaire à candidature pour une offre qui m'a fait "tilt" dans mon coeur, ouais. Advienne que pourra, comme disait Assurancetourix. Me voilà plongée dans une dynamique ahurissante, faite d'espoirs (putain, putain putain putain) et de doutes (merde... merde... merde). Mais retrouver une dynamique, voilà le petit truc qui me manquait. Ah et puis, pour être en accord parfait avec mon profil artistique, j'ai écrit mon mail de motivation en alexandrins. Chiche ?! Meuh non, j'ai créé une musique ternaire avec des paroles en l'air et j'ai envoyé le tout en pièce jointe.
Bref.
Sinon, il faut quand même reconnaître qu'il fait un temps de WC. Et en parler. Car en parler, c'est déjà l'accepter, un peu. Sauf que, quand je reçois le lundi matin, un mail avec plein de photos dingues de la demoiselle qui se passe 6 mois en Australie, c'est tout de suite plus délicat d'accepter sa condition de cadre presque dynamique sous la pluie devant son ordi.
Samedi soir, c'était soirée fromages, vins, et musiciens. On a donc fait un blues en mi. Plus précisément, nous nous sommes emballés pendant une bonne demie-heure sur les paroles "aille gate the blues en mi... toufflé". Elle est belle, la jeune France. Jeune... Plus tant que ça. Quand je m'aperçois que le stagiaire est né en 1984, je me sens limite en détournement de mineur à ne serait-ce que CONSTATER qu'il est sexy. Et quand l'autre stagiaire me dit qu'elle est née en 1986, je sens mes rides et ma cellulite qui me crient dans l'oreille "nous voilààà". C'est peut-être pour ça qu'elle m'agace, la petite stagiaire, va savoir.
Mais n'allez pas croire que je regrette les années qui passent. Ah ça, non. Pour retrouver le malaise de la vingtaine, il faudrait me payer. Voilà. Avez-vous vu "Thre will be blood" ? À part la présence de moustaches, ce film relève du film qui scotche. Que tu ne sais plus quoi dire en sortant de la séance tellemenT tu en as plein la tête, plein les yeux, plein les oreilles. Heureusement que ton mec est là pour te décrypter la relation entre religion et religion du fric, parce que toi, t'es même plus cap de penser. ça vient sûrement de là qu'on estime généralement que les hommes nous sont supérieurs. Ahah. La journée de la femme, je l'ai passée à table chez le père de mon cher et tendre, mysogyne au possible, avec la madre qui fait le service et qui se prend de mignonnes réflexions. Ah, la journée de la femme... Vaste connerie. Bon, je m'égare, d'autant que j'aurais aussi aimé raconter que j'ai récemment perdu mon père. On était au supermarché, et puis, après le rayon féculents, je l'ai plus vu. Donc maintenant, je vais profiter de tous les autres rayons, je vais aller boire un rayon de bière, me fumer une ultime clope rayonnante, et me blottir contre le rayon de soleil de ma vie, allez, tant qu'on est dans la cucuterie, autant dépoter un max. Je suis au taquet les gars, au taquet.

Je dois bien avoir quelques dialogues en stock...

De la sagesse des plus petits que soi
- "Et alors, tu as une amoureuse à l'école ?
- J'en avais une, mais elle a déménagé à Orléans il y a un an.
- Bin, tu dois être triste alors.
- Oh, tu sais, dans la vie, il faut savoir se passer des gens."


De la synthèse
- Alors, dans ce livre, le héros a un oncle, ou un savant dans son entourage...
- ...
- Bon, disons un oncle savant.
- Ah, bravo, magnifique !"


De quoi mettre à l'aise
- Dis, c'est quoi ton mail, déjà ?
- c'est blabla@truc.fr
- *rédaction d'un mail perso*
- Ah d'ailleurs, pour info, le boss reçoit tous mes mails en copie.
- *soupir*.

20 décembre 2007

Happy Crispasme


Bien bien bien. Sollicitation d'un rendez-vous concernant ma charge de travail éhontée qui me tue à petit feu doux sur l'autel de la Communication Républicaine. Remarque liminaire du patron : il faut absolument que tu apprennes à organiser ton travail. J'aime les blagounettes patronales. *soupir*. Bon. Comme dans les discussions classiques, maintenant que j'ai évoqué le travail, je passe au reste. Entre ma vue qui baisse, le froid qu'il fait, les kilos pris et la nouvelle passion de mon colocataire pour les cassettes passées dans mon vieux balladeur sans pile, je devrais bien vous dénicher un truc exceptionnel. Ah, en fait, non. Coup de fil d'une copine de primaire, 17 ans qu'on ne s'est pas vues. Habite en Bretagne, a un fils de 6 mois, est nounou, a épousé un chauffeur routier. Les chemins ont bien eu le temps de s'éloigner. Amusant de se raconter 17 ans de vie en 20 minutes au téléphone. Avec des échanges déroutants comme "ah, tes parents ont divorcé ?" "Oui, il y a 14 ans". Sinon, dans la série "mes amis sont formidables", ça ne manque pas de peps. L'une réinvente les chansons de pub (sa version de PoussMouss est prête à révolutionner le monde musical, et quand elle sort le futur Royco Soupe, je pense que je vous mets un lien). L'autre s'éprend d'une jeune américaine de Cincinnatti, je ne suis même pas sûre de l'orthographe, c'est vous dire si c'est paumé. Et pendant ce temps-là, on emmène Bigard voir le Pape. 2007 nous aura bien fait rire, tout de même. Vivement 2008. J'hésite entre deux résolutions : ne plus boire une goutte d'alcool (et la bière sera hautement considérée comme un alcool), ou ré-ré-réarrêter la cigarette. Ou pas. Ou rien. Ou juste, une année "chieuse", où je passerai mon temps à harceler mon colocataire pour qu'on ait un chat, même s'il est tellement allergique que la vue d'un chaton lui fait gonfler les yeux. Ou bien une année détective. Genre, tu suis tes voisins dans la rue, au fil de la journée tu changes, juste pour voir où ça t'emmène. Ou alors, une année d'inventions. La couverture à manches, dont on parle tant dans les cercles les plus fermés, c'est peut-être le moment de la sortir. Ou encore, une année d'engagements. Sauver le monde, ou en tout cas un bout de monde, mettons 10cm2, allez, pour un début quoi. Ou une année mystique : planter un arbre, me trouver un gourou et partir élever les chèvres pour faire du fromage. Bref, une nouvelle année, quoi. Et moi l'air de rien je vais avoir 27 ans et ça fait tout drôle parce que c'est l'avénement de la ride, des envies de bébé, alors que je veux juste aller vivre en Nouvelle-Zélande. Merde quoi. Ah, puis l'autre qui se casse bientôt passer 6 mois frisou en Australie, alors qu'on lui a DIT qu'il y a plein de bestioles super dangeureuses. j'comprends pas moi, cette envie d'aventure, de vie trépidante, de rencontres internationales. Franchement. On n'est pas bien, là, dans notre canapé avec quelques degrés sous zéro parce que le chauffage ne marche pas ? mmm ? Bon. Vous pourriez croire que je suis de mauvaise humeur, mais c'est absolument faux. Je suis au contraire d'une humeur exceptionnelle, parce que sur le point de résoudre deux grands mystères de l'humanité. Mystère numéro 1 : pourquoi les post-it finissent-ils par tomber, comme ça, paf, l'air de rien, un jour. Mystère numéro 2 : où la deuxième chaussette se cache-t-elle ? Hein ? Et pourquoi c'est toujours sur la dernière paire achetée que ça tombe, et pas sur la paire déjà effilochée ?
Bref, vous l'aurez compris, je travaille activement à découvrir la réponse à cette question qui brûle les lèvres de tout un chacun : pourquoi la vie est mal faite.

J'y penserai à Lisbonne, en soufflant mes bougies, et d'ici-là je vous salue bien bas car oui, je sais, vous êtes tout petits.

De la subtilité des définitions.
- Nan mais ton mec, il est ténébreux quoi.
- Ténébreux ? Qu'est-ce que t'entends par ténébreux ?
- Bin, ténébreux, brun ténébreux quoi.
- Ah. Ouais.


Des phrases qu'il faut savoir arrêter à temps :
- T'es où là ?
- A Saint-Ouen.
- Mince.
- Pourquoi ?
- Bin parce que Saint-Ouen c'est pas pratique parce que c'est pas pratique quoi.
- Mouais...

9 décembre 2007

Air Thé Thé

C'est le coeur un peu lourd et les doigts pas mal crispés que je reviens par ici. Une certaine honte intime à délaisser ainsi cet espace, pourtant si sympathique... Chers lecteurs, si la lassitude de la mise à jour stérile de ma page ne vous a pas fait partir, re-bienvenus, voici les dernières nouvelles neuves d'ici et d'ailleurs, et surtout de moi-même, car j'en connais un rayon sur ce sujet-là. Tout d'abord, je vous laisse reprendre votre souffle après la nouvelle qui va suivre : j'ai acquis un sapin de noël. Oui. C'est dingue, j'en conviens. C'est un pas de plus vers la vie d'adulte, quoi. Mon premier sapin à moi, juste à moi (enfin, à nous, mais sur mon initiative, j'insiste et j'assume). En 9 ans de vie hors du nid parental, je me lâche enfin niveau sapin de noël. Je ne sais pas si c'est lié aux rêves où je perds ma peau, ou autres amusements de ce style, mais visiblement je mature, messieurs dames. Et je l'ai décoré ! Mais oui ! Astucieusement, qui plus est, car j'ai acheté 60 mètres de bolduc blanc et ai réalisé pas mal de frisouilles disposées désormais sur les petites branches. J'ai craqué au bout de 20 mètres, ce qui fait qu'il reste 40 mètres à utiliser, si quelqu'un est preneur... En revanche, petite déception : il ne sent rien. Rien du tout. Je n'ai plus qu'à acheter un pschittt odeur sapin de noël. Mais finalement, non. Il ne faut pas aller trop loin non plus, sinon je ferai quoi, dans vingt ans ?! Rien à voir, mais je ne sais pas si ça vous fait la même chose : qu'est-ce que c'est retors, le temps qui passe, vindiou. J'ai des tas de projets et d'envies, et j'en réalise, allez... 5%. Oui, ce doit être commun à tous ceux qui ont du projet et pas de talent... mais c'est pas ce que l'on fait de plus rigolo. Gestion de la frustration, quand tes semaines se passent au boulot et que le WE la bonne crève de derrière les fagots se décide enfin à te tomber dessus, histoire de te pourrir ton moment de liberté gagné à la sueur de ton front et à la faible lueur de l'écran... Du coup, c'est enfiévrée que j'ai vu Henri Texier et ses invités aux Nuits des Musiciens hier soir. Un moment musical d'un tel niveau que les mots formidable ou merveilleux semblent petits. Rarement il m'avait été offert d'entendre une telle prouesse, un tel ensemble, un truc qui te scotche vraiment en somme... L'homme avec qui je partage ma vie, mon appartement et depuis peu, un sapin de noël, a même battu la mesure et secoué la tête, ce qui est un signe de grande (gigantesque) qualité.
A part cela, je dois noter au compteur de très belles retrouvailles avec mon ancien coloc montréalais, retrouvailles ponctuées d'expressions et d'accent québécois. Et un bien bon week-end lillois avec la cigogne, qui connaissait le potchlevetch ou un truc du genre, et qui sait presque le prononcer. On a traversé la ville de part en part (du moins dans les rues qui nous attiraient l'oeil). Très rapidement, j'ai pu me repérer géographiquement grâce au Body Shop. Pour respecter l'esprit et la dignité d'un véritable WE entre amies, nous avons dormi dans l'hôtel de la gare à côté d'un sex-shop, dégusté les bières locales, mangé les plats les plus gras, baladé nos trombines à travers les rues et fait les boutiques. J'ai craqué au Body Shop, donc, et la cigogne a eu la subtilité de me laisser seule quand la vendeuse m'a proposé la carte "fidélité" ou autre. J'ai cru que ça baissait ma facture mais non, ça l'augmentait. Bref. Apprendre à dire "non" peut être un bon challenge pour mes 27 ans, je pense. Et surtout, et c'est là le plus beau, nous avons vu le film le plus mauvais de tous les temps. Et oui !!! Et à travers cette critique facile de cette oeuvre minable, c'est la politique actuelle et le gouvernement non moins actuel que je fustige, bien sûr. Comment peut-on accepter de financer une telle ineptie ? Comment peut-on se dire dialoguiste quand on prévoit des passages "muets" à chaque moment "un peu" clé ? Et quand on sort pour toute blaguounette "l'amour c'est comme la moquette, ça s'use" mmm ??? Je pose la question, car c'est une vraie question... Et comment peut-on assumer d'être comédien(ne) quand on a autant de charisme qu'une endive cuite ? Bref, n'allez pas voir Ce soir je dors chez toi vous risqueriez de ressortir un peu énervés. Enfin, sauf si vous voulez étudier les stéréotypes et autres pensées toutes faites. Et encore, louez le DVD, vous pourrez sauter les longueurs.
Voilà. Sur ce déversement de bile et de vilenie, je vais continuer d'écouter un très bon album (le dernier Stacey Kent, pour ceux que ça intéresserait) et m'en aller me coucher, histoire de redémarrer la semaine en forme, hein...
Et, c'est terrible, ça fait tellement longtemps que je n'ai même pas de dialogues amusants à vous offrir. Vivement 2008. Pour être cohérente, je ne mets pas d'images. Je sais, je suis cruelle.

26 septembre 2007

Circulez y'a rien à voir


Bon oui d'accord, je fais preuve d'un consciencieux absentéisme ces derniers temps. Mais tout compte fait, par amour de mon prochain, et surtout de mon prochain lecteur, je m'suis dit que je pourrais quand même faire un petit effort. Tenez, par exemple, j'étais embêtée, parce que j'avais dans l'idée de vous raconter mes vacances, mais un interdit géant s'est dressé comme un seul homme devant moi, fier comme Néron et dur comme du béton armé, m'assènant cette vérité plutôt dure à digérer, à l'instar de bien trop de vérités d'ailleurs : "les récits de vacances, quand t'es pas parti à l'aventure à l'autre bout du monde, c'est quelque peu chiantissime". Misère. Mon sujet qui tombe à l'eau, tel un scoop éventé, telle une naïade motivée, tel un sujet qui fait flop quoi. Ceci dit, à part le pot d'échappement qui se divise en deux entre Tarragona et Miami Platja, j'avoue qu'il n'y a rien eu de complètement palpitant. On a ri, on a fait du camping à Grenade et à Cordoue (comprendre : nous avons dormi sur un sol caillouteux sur lequel les sardines ont cassé leurs dents et nous notre dos), on a visité plein de chouettes Burger King et on a fait des parties de Uno interminables et rageusement complexes, mais sinon, je vous passe le couplet sur les bains de minuit, le soleil sur l'eau, l'eau dans la mer et les petits poissons rigolos dans l'eau, parce que ça a quelque chose d'indécent par les temps qui courent.
Passons donc à la suite, soit aux projets complètement dingues qui nous animent le soir venu, mon cher-et-tendre et moi-même. Faire de la musique, tout plein, mais tant que j'écrirai des paroles misérables, c'est pas gagné (un extrait plus bas pour vous sensibiliser à l'ampleur du désastre). Installer un aquarium dans la vieille télé années 70. Puisqu'on ne l'allume jamais, autant la doter d'une certaine utilité, voire d'une certaine noblesse, parce que des télés aquariums, j'en connais peu, et j'ai hâte de voir ça de mes propres yeux marrons, yeux de cochon. Et enfin, préparer un séjour de 6 à 9 mois en Nouvelle-Zélande, histoire de voir si à l'autre bout de la terre les gens savent qui est Notre Président. C'est l'unique motivation, bien sûr, parce que les paysages à tomber sur le derrière et l'aventure à l'étranger, c'est pas trop notre truc.
Et à part ça, me direz-vous car vous trouverez la récolte bien maigre et n'aurez pas forcément tort. Et bien, à part ça : I did it comme dirait Nike, j'ai participé à la course de 6,5 kms reliant un point à un autre avec 12000 autres femmes et des brouettes, et j'ai ressenti, au contact de toutes ces coureuses et de la foule en délire, ce que doit se dire tout grand sportif au milieu de l'effort récompensé : "putain, c'est cool!". Je me suis presque sentie pousser des ailes, galvanisée que j'étais de courir en pareille compagnie, mais c'était juste une illusion comme dirait
Jean-Louis Aubert, parce que les courbatures des jours suivants étaient loin d'avoir des ailes, si je puis m'exprimer de la sorte.
Je puis ? Formidable !
Bon et puis, projet entre tous les projets, j'ai décidé de continuer à arrêter la cigarette. Ayant pitoyablement échoué au test des vacances sans nicotine, je passe les rattrapages. ça mûrit tranquillement, tenez justement, en allumant une clope après la course, je me suis dit "rha c'est con quand même". Mais j'y crois à fond. Je vais de nouveau avoir une excuse pour être toute speed, pour rester polie et bilingue, et c'est tout de suite vachement plus confortable.
Ah et sinon, nouveauté neuve, nouveau poste pris le 3 septembre. Ah, elle me manque, la boîte d'avant! Plus de patron au cigare qui vous enfume le cerveau, plus de secrétaire qui met son disque dur en pièce-jointe dans ses mails, plus de femme de ménage qui vient discuter de la Nouvelle Star en se plaignant de son dos pendant que vous essayez de finir un truc urgent... Mais bon, plus de grosses rigolades non plus, plus de restau le midi et plus de bataille de photos déformées... Enfin, c'est pas grave, j'ai laissé une trace de mon passage : un lierre qui s'étend de plus en plus. L'objectif secret : étouffer le patron avant la fin 2010.
Adieu la stragique, en somme. Je n'aurais plus que les bons côtés du midi, parce que, pas folle, j'ai choisi un nouvel emploi à trois pas et demi de l'ancien. Dans la vie, il faut être stratégique, je serai très ferme sur ce point.

Quelques extraits d'amusement de la galerie (piètre moisson de dialogues, ma mémoire étant trop mauvaise...)
Lu dans le journal à propos de Notre Président :
"On pourra bientôt lui attribuer une anecdote sur Ceaucescu, à savoir qu'on risque de l'entendre en branchant son fer à repasser."

Et l'avenir de la chanson française, en avant-première :
"La vache pète
Le monde rote
Et la mer pleut."

On fait ce que l'on peut, hein. J'aimerais pouvoir arguer d'un moment d'ivresse, mais je crois que ce serait mentir, et je m'y refuse. Sur ce point également, je serai très ferme.

Un brin de sagesse pour remonter le niveau :
"Il y a des moments où il ne faut pas croire ce que l'on nous dit. Malheureusement, ils ne sont pas différents de ceux où il faut le faire."

19 août 2007

Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras


C'est pas le tout d'être en vacances pour presque deux mois, il s'agit également de contenter un lectorat nombreux, puissant et influent, en vous refilant un texte écrit il y a trois ans, pour un concours lancé par "A nous Paris", et que j'ai bien entendu perdu. Mais je tenais à vous faire profiter de cette oeuvre enfouie, parce que les vacances ça sert aussi à désenfouir, nom d'une pipe.
Vous le constaterez aisément, on sent dans ces lignes toutes la jeunesse fougueuse de l'auteur, et on se marre, évidemment. En attendant, je retourne au rythme espagnol pour faire de la musique avec un forçat de l'informatique, en remerciant au passage l'hôtel d'à côté, qui n'a pas sécurisé son Wifi.
Et une petite photo pour vous rappeler qu'il n'y a qu'en France qu'il fait un temps de cochon.

«- Je t’aime.
- Pourquoi…
- Il y a besoin d’un « parce que » ?
- Pas d’un, Marc…
Je me lève. Il ne faut pas qu’il voie mon visage exaspéré, ça le fatigue. Tout le fatigue. Même de dire « parce que » plus sujet - verbe - compliment. On nous avertit rarement des envies d’homicide volontaire que peuvent susciter trois années de vie commune. Celui qui a dit que l’amour dure trois ans avait raison, le con.
Pendant que je réfléchis à travers la vitre – ce n’est pas la nuit qui porte conseil, c’est la vitre, sachez-le – le futur cadavre a déplié le Monde. Il prend son air concentré derrière son grand journal froissé. Quelle contenance ! C’est formidablement bien pensé, Le Monde. Au niveau sonore, j’entends. Impossible d’ignorer le lecteur du journal-qui-donne-l’estampille-intellectuelle, lorsqu’il se trouve à moins de 10 mètres, configuration spatiale que l’on retrouve fréquemment, à Paris. C’est un peu comme le label rouge, l’appellation d’origine contrôlée, version humaine. On ne peut pas se méprendre sur la marchandise, Monsieur lit le Monde ! Quand on choisit son futur époux dans le métro, ce sont des signes ostensibles de culture que l’on prend en considération. Que j’ai pris en considération, en tout cas. Quand Marc m’a abordée dans le métro, il avait bien remarqué que j’avais noté le coup du Monde. Moi 20 ans, sortant de la fac, lui 25.
- On se connaît, non ?
Et le pire, c’est qu’on se connaissait, effectivement. Déjà croisés en soirée. Zi anecdote racontée trente mille fois depuis… « Le coup du destin », comme il le poétise si bien, et puisque je m’appelle Amélie, forcément, je l’attendais plus ou moins, le bidule qui changerait ma vie.
Il m’a proposé de le rejoindre à une soirée au bois de Boulogne, et puis j’ai accepté, parce que j’avais l’âge où on est prête à accepter beaucoup de choses pour croire que la vie est un film, un roman, une chanson, un truc spécialement dédicacé à nous-mêmes, oui, si, promis, assurément. Une affaire de choix à mener rondement, et des coups du destin à reconnaître prestement. A priori, je n’étais pas douée pour les rondement et prestement sus-mentionnés.

On est allés à la soirée sur son scooter, je me sentais très Poulain, mais j’allais vite constater que j’étais plutôt classée dans la catégorie pouliche. Cette soirée, incroyable, un truc de branchés-friqués parisiens dont je me suis longtemps souvenue avec un sourire en coin. Marc a tenté de nouer des conversations intéressantes avec ses très nombreux amis, fais-moi passer ton CV demain, on s’appelle par nos initiales, c’est formidable, sympa, très sympa cette soirée.

Mémorable, en effet… Les hommes me regardaient, étonnés sans doute de ne pas m’avoir vue avant, surpris surtout de constater que Marc me connaissait, lui. Difficile de ne pas comprendre rapidement qu’il avait une réputation de looser. Ca me plaisait bien, ce concept, à l’époque. Les mecs qui ont des failles, les torturés intellectuels timides et patauds, ceux qu’on méprise dans les soirées que je méprise, ça me chavirait.

- Attention, la lune s’est posée sur votre bouche.
Je n’y crois pas. On ne peut pas sortir un truc pareil, c’est du trentième degré. Hésitante, je me retourne. Je lui souris vaguement. Il doit lire Le Monde, lui aussi, c’est inévitablement du trentième degré. Echange de regards. Il m’embarque avec sa tchatche, me propose moult breuvages, et dégote même un brugnon juteux qui me coule le long du cou, j’ai l’impression d’être une pub. Marc est penaud, il nous surveille du coin de l’œil. Le mec a la trentaine, il s’y connaît en blagues et compliments pour pouliches, il ne me lâche pas d’une semelle, il étale son compte en banque, fait briller ses dents et son esprit. Du grand Homme. Il me dit qu’il a envie de lécher l’intégralité de mon corps pendant au moins un mois. Juste ne faire que ça.
-Même pas une partie de tennis ?
-Même pas…
L’Homme n’a pas compris que ma robe échancrée ne recouvrait pas uniquement un entre-jambe prêt à l’emploi, mais également un cerveau capable d’ironie et d’humour glacé et sophistiqué. L’Homme est magnifiquement prévisible. Il cherche à m’embrasser. Je le repousse. C’est con, un homme. Ca joue le petit garçon effaré par votre beauté, ça reprend forme humaine quand ça vous fait esquisser un sourire, et là, inévitablement : « on tourne chérie, il faudrait penser à m’embrasser, j’ai réussi le grand chelem, là ». Vexé par mon refus, il change de tactique et déblatère sur Marc, joue la comparaison. J’attends qu’il sorte son engin, on va mesurer, ce sera rigolo.

Charmant. Tellement classe que je retourne vers Marc, fatiguée de ces jeux de séduction où le perdant est toujours le même : la nana qui croit que c’est pour elle, ces arrangements de compliments, alors que c’est un pack destiné à toutes celles qui sont potentiellement à d’autres, toutes celles qui donnent envie de baiser. Et à 20 ans, on est nombreuses.

C’est pour ça que j’avais choisi Marc. Pas de baratin. Pas de comparaison. Seulement, au bout de trois ans, le baratin commence à manquer cruellement. C’est ce que je lui dis, ce soir, quand je lui annonce que je pars avec un autre. Que j’ai envie d’être futile, superficielle, de jouer ce rôle pendant les quelques années où je suis encore potentiellement attirante. Que j’ai envie de profiter des émulations spirituelos-romantiques que je suscite chez l’autre. Que j’ai envie de rejouer les dés de son fameux « coup du destin ».

Blafard derrière son grand journal froissé qu’il tient de tous ses doigts crispés par le choc, il déglutit un grand coup avant de demander, d’une voix rocailleuse :

« -Qui ?
- Celui qui est capable de trouver dix mille « parce que » à la seconde.
- … Je le connais ?
- Oui… C’est toi, en mieux. »

21 juin 2007

Militantisme pour un avénement express de la Saint-Glinglin


Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs,
Jouvencelles, jouvenceaux,
Pucelles, puceaux,

J'ai l'infime honneur de reprendre le clavier parée des excuses les plus
dignes et les moins affriolantes possibles :
J'ai eu du travail - oui !
J'ai eu une machine à laver et un robot-qui-fait-tout - aussi !
J'ai eu la trouille de reprendre les touches - et si !
Et ce pour deux raisons, voire trois si on pousse un peu mémé dans les orties.
La première c'est qu'après le 6 mai j'ai eu plein de doutes plein de questionnements plein de peine, aussi, parce que dans politique il y ah hic et là c'était un gros. Du coup, j'aurais voulu me rendre utile ou faire un texte politique incroyablement débordant, de tout plein de pensées d'interrogations et de finesse (allez !) pour apporter ma modeste pierre à l'édifice. Alors j'ai lu, j'ai écouté, j'ai regardé. Tout ça pour quoi ? Pour me dire "Et puis non". Je réalise que je ne veux pas que cet espace soit politique, parce que ce serait nettement moins rigolo et moi dans la vie j'aime ça, rigoler, ah oui !
La deuxième raison, c'est que je défie tous les grands gros gras fumeurs qui se respectent d'arrêter de fumer et de continuer à écrire sur l'ordi. C'est pas que l'inspiration soit dans la nicotine, non... Mais sans doute dans les volutes bleues et grises, qui font désormais défaut.
La troisième, c'est très con : va raconter le bonheur, toi. hein. Bin là ! Ah là, on fait moins le malin !

Bon.
En attendant, les nouilleries habituelles ont continué, avec une tentative totalement râtée de séance d'UV. Il s'agit de ne pas oublier qu'on est claustrophobe, quand on rentre là-dedans. J'ai donc fort péniblement gâché un quart d'heure à flipper de ne pouvoir réouvrir le boîtier géant, ou que la vitre casse et que mes fesses se retrouvent en contact un peu trop direct avec les néons à 2356 degrés. Tout ça pour finalement quoi ? Chopper un coup "d'UV" des familles, doublé d'une réaction allergique au "soleil". Charmante expérience, donc. Quand je pense que j'ai dû acheter les petites lunettes débiles. Rha. Va nager avec ça, tiens.
L'autre nouillerie, la voilà. Votre humble servitrice a croisé il y a quelques jours un "ex", incroyable nous sommes voisins, comme c'est fou comme c'est dingue qu'est-ce que tu deviens pardon si j'ai été con viens on va passer chez moi je t'offre un dernier verre ah merde j'ai tout rendu mon gin dans la bassine.

Moralité : je préfère la bière.

Par ailleurs et par devers-moi, je voudrais lancer un grand concours pour l'avénement de la Saint-Glinglin. Oui. On m'attaque violemment dans un blog pour mon inactivité crasse. Soit. On m'accuse de n'écrire qu'à la Saint-Glinglin. Bien. Je sollicite donc humblement votre concours pour m'aider à retrouver l'inspiration. Je vous invite à me laisser des thèmes à traiter (mots, groupes de mots, même les adjectifs sont acceptés, c'est vous dire si je suis cool).

Sur ce, je vous salue bien bas, la fête de la musique a commencé et je ne veux pas louper les petits adolescents boutonneux qui font du rock trash métal en bas de chez moi, car ce goût de lycée ne revient pas souvent. A l'époque où mon ptit copain jouait dans un groupe nommé les biftecks moizis et qu'on avait des docs bleues en velours et des pantalons rouges. Ah ! Ah...

Vite, donnez-moi vos sujets où je vous mets les textes des bifteks dans le prochain post et croyez-moi, c'est intense !

1 avril 2007

Interpolations


Avec leur heure supplémentaire, on est perdus. Tenez, à l'heure où je vous parle il est déjà vingt-trois heures quarante quatre alors que si je vous avais parlé il y a seulement neuf jours il ne serait que vingt deux heures quarante quatre et je crois que je me sentirais mieux, par extension.
Cela étant, il a fait bien beau aujourd'hui et c'est toujours agréable, bien plus que d'attendre le bus vingt cinq minutes sous la pluie vendredi matin, je vous l'accorde sans broncher, et sans parapluie.
Mais s'il avait fait bien beau il y a neuf jours, je crois que ç'aurait été encore mieux, par extension aussi, mais moins.
Je n'arrête pas de recevoir des faire-parts de mariage (enfin, deux) et, chose amusante, ils sont tous deux très semblables. Notamment dans la laideur. Après, au niveau cucuterie, le premier reste mon préféré. Il énonce, dans une sorte d'épitaphe pré-maritale, "aimer n'est qu'un mot, jusqu'au jour où l'on rencontre la personne qui vous en fait comprendre le sens". Sachant que ce faire-part est celui de mon premier amour, qui se marie, donc, et pas avec moi, sinon je n'aurais pas reçu le faire-part, je l'aurais envoyé (nuance, et de taille), j'ai ri. Ce serait amusant d'envoyer un petit mot pour répondre à l'invitation, et de demander innocemment des explications vaseuses sur ce dicton faire-partesque. Avec, pour preuve, de vieux post-it déclaratifs et définitifs du style "je t'aime pour toujours" écrits en lettres de sang. Ah et puis, dites, c'est tout un vocabulaire, ces faire-parts, pour réussir à comprendre à quel point tu es invitée. A la cérémonie ? Au vin d'honneur ? Au dîner ? Vivement les enterrements, ce sera plus simple.

Nan sinon, c'est drôlement bien, le printemps. Je suis pour.
On trouve de tout, au printemps (celui sans majuscule, hein), et même une Remington en parfait état. On s'est dit que pour écrire la liste des courses, c'était exactement ce qu'il nous fallait. En revanche, il me manque encore un rideau de douche digne de ce nom. Je suis entrée dans une phase de conflit intense avec l'actuel pas plus tard que cet après-midi. Et ça, malgré l'heure en moins - ou en plus, selon l'espace temporel où l'on se situe, bien entendu - c'est vous dire le niveau de la crise sur l'échelle de Richter. Le contexte est simple comme bonjour. Je voulais me détendre après un passage délicat au lavomatic. Et avant l'étape plus subtile encore de l'étendage de 7 tonnes de chaussettes sur 3 malheureux fils. Or, parfois, je ne sais pas quelle mouche me pique, mais j'ai la folle idée de prendre une douche pour me détendre. Erreur. Car le rideau de douche en tissu est le pire ennemi de la femme. Après les rides, bien entendu. Ce stupide machin est attiré par la chaleur de l'eau et vient mesquinement se coller contre la peau. Donc, quand je tente d'éradiquer toute substance pileuse de ma surface personnelle, il s'ensuit une lutte sans fin entre le rasoir, le savon, le jet d'eau, le rideau et moi. Oui nan parce qu'une fille normale SAIT gérer la simple triplette "rasoir + savon + jet d'eau". Mais avec le rideau qui vous assaille en même temps, c'est tout bonnement im-po-ssible.
Après avoir proféré un nombre d'insultes équivalent à la dette du tiers-monde, et cela m'ayant immédiatement rappelée à la réalité cruelle de notre univers, je suis ressortie de la douche éreintée, sacrément en pétard, et "à peu près" épilée. Détendue comme il se doit, donc. Sans compter que le patch à la nicotine ne voulait plus bien adhérer à la surface de moi-même et que j'ai donc élaboré un fort astucieux bandage tout à fait esthétique. Et avec tout ça, j'étais en retard au lavomatic.
Du coup, je me suis dit qu'il me serait difficile d'assumer des responsabilités, des vraies, genre présidente de la République ou dresseuse de manchots. Voilà. En une heure, j'ai foutu ma vie en l'air.
Avouez que s'ils ne nous avaient pas rajouté cette heure, ou enlevé, cf. paragraphe précédent, je n'en serais sans doute pas là. Je vais donc de ce pas engager une procédure.

Ah, sinon, qui peut m'expliquer pourquoi le monsieur dans le métro a écrasé mon bouquet de fleurs intentionnellement en voulant m'empêcher de descendre ? Toute réponse sera la bienvenue, de mon côté je reste perplexe. Et en ces temps agités, il fait mauvais être perplexe.

Heureusement, le printemps nous offre de bien belles perles à glaner, telle la mouette au-dessus de l'huître :

Rencontre au bar, propice aux inventions :
- Va boire là-bas si j'y suis !

Mon tout petit frère a de l'humour : quand je demande à ma génitrice quelle est la suite de "bis" et "ter", il répond :
- Bin... Bis, ter... et boule de gomme !

Des confusions alarmantes, devant une toupie lumineuse :
- Faut pas regarder ça trop longtemps sinon tu deviens hémiplégique.

Des aveux émouvants :
- Le lit, c'est un peu le bac à sable des grands.

Ce qui est complètement vrai, d'autant que je finis par être inquiète des positions prises pour dormir. Je crois que même le kama-sutra ne saurait qu'en faire. Bref, comme je le disais l'autre soir, en me faisant piquer le taxi par deux jeunes hommes, "le monde part à vau l'eau". Heureusement, il y en a d'autres.
Des taxis, hein.

Aimer tue


Aimer crée une forte dépendance, ne commencez pas.
Aimer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage.
Votre médecin ou votre pharmacien peuvent vous aider à arrêter d'aimer.
Aimer pendant la grossesse nuit à la santé de votre enfant.
Protégez les enfants, ne leur faites pas respirer votre amour.
Les amants meurent prématurément.

Et en plus, il n'y a pas de patchs.
Comme quoi, faut vraiment être fou pour être amoureux.
Du coup, j'ai arrêté.

De fumer.

16 février 2007

Star

Je vais en recommencer un autre parce que je suis incapable de me concentrer sur autre chose que moi pendant plus de trente secondes. Alors parlons de moi. Qui suis-je, que fais-je, que veux-je, d'où viens-je, où vais-je, que se cache-t-il donc derrière ce regard de glace, ce coeur de feu, ces mains de feu, ces pieds de marbre? Que n'attends-je donc pour répondre aux question que le monde se pose, que le nouveau monde, devrais-je dire, se pose depuis l'avénement de moi, depuis ma naissance ? Sais-tu que tu fais partie d'une espèce forcément en voie de disparition, celle qui a connu l'ancien monde, le monde sans moi ? Te souviens-tu que c'est depuis ma naissance que tu as tout connu, et non avant ? D'ailleurs je suis persuadé que tu as oublié tout avant...

Voilà ce que je suis un révélateur, non un modèle, encore moins un exemple, reproduire ce que je fais ou dis avec d'autres personnes que moi serait dangereux pour toi d'abord évidemment, mais pour les autres ensuite... mais tu le sais très bien, et ce n'est pas dévalorisant que de dire cela, c'est un fait, c'est la vérité, la terrible vérité, la vérité nue. Et nous savons depuis toujours que la vérité nue n'a jamais existé, c'est pour cela qu'il ne faut pas trop la répandre ici-bas. Je vois dans tes yeux qui lisent ces lignes, je vois beaucoup de choses, une étincelle qu'on ne connait que très rarement, une vision, celle du plaisir et du bonheur, qu'on n'approche pas souvent, c'est normal, je reconnais cela, c'est une sorte de marque de fabrique. La société en fera ce qu'elle voudra, je m'en fiche, je suis là, j'y reste, et je répands de l'hydromel, je le donne, je l'offre, j'en fais don à l'humanité, aux restes du monde, sans restriction. Je suis comme cela, je ne compte pas, je vais à fond dans les choses, tête baissée, ne craignant rien ni personne, si ce n'est moi-même finalement. Qui peut être mon meilleur ennemi, mon pire ami que moi-même, qui peut vraiment me reprocher de vouloir tout donner, rien lacher évidemment, mais je laisse même ma signature aux plus démunis, aux déshérités maintenant, qui peut me faire quoi que ce soit. je suis déjà allé plus loin que beaucoup et je ne fais que commencer, je ne suis pas une étoile filante, une comète, quelque chose de passage, je suis un astre, et je brûlerai jusqu'à extinction des feux. Je ne demande qu'à être accompagné d'une pluie d'étoiles, plus uniques les unes que les autres, et qui reflète chacune une partie personnelle de ma lumière. Voilà j'offre ma lumière pour les faire briller.

Et mon élan m'emporte dans une mégalomanie véloce, furieuse, passionnée, sans objet ni raison, parce que "mais putain qu'est-ce que c'est bon, de perdre la raison, de péter les plombs!!!" C'est ça le programme, allez zou c'est parti!!!

Finalement, on ne connaît jamais vraiment ses amis... Lui, il serait cap' de conquérir l'Elysée juste pour nous faire marrer... Tiens, bonne idée, parce que l'autre là, il ne va pas me faire rire longtemps... Puis t'es blond, ça fait longtemps qu'on n'a pas eu de Président blond, finalement. Allez, tu voulais justement changer de job, allez quoi, du nerf !

6 février 2007

Karaoké


C'est vendredi soir.
Il n'est pas loin de minuit, un peu avant ou un peu après, tout ça n'a pas beaucoup d'importance.
Je titube un brin.
Il fait un peu froid alors je presse mon pas titubant.
Je souris encore de cette soirée dans un karaoké-restau chinois, lieu improbable, où elle est partie chanter Dalida sous les applaudissements de la foule, lâchant ses grands cheveux blonds pour le plaisir des grands et des petits.
Je souris en titubant un tout petit peu.
Aux fenêtres, des lumières, dans la rue, des phares, des rires.
Sur le trottoir, une couverture.
Et puis, sous la couverture, quelqu'un.
C'est drôle, je ne souris plus du tout.

A croire que les saloperies de la vie des autres vous gâcheraient la soirée.
Alors non, surtout pas, on oublie, vite vite rentrer, au chaud, se glisser sous la couette, l'immense couette dont mes pieds ne dépassent même pas, se coller contre son corps, et partir rêver.
Le lendemain, partir, de façon plus prosaïque, faire les soldes pour le deuxième round de shopping annuel. Putains de bières j'ai du bide. Arf. Donc c'est décidé, j'arrête la bière pendant un mois et me consacre uniquement au vin. Plus facile à prendre, comme décision, que de changer le monde. Eternel balancier, entre je m'en foutisme et conscience trop aigue, pointue du genre qui coupe. Balancier entre humanisme et triste réalisme, entre sursaut et enfoncement dans le quotidien.
Peut-être, juste, essayer de trouver les quelques éléments qui nous feront dire, au seuil d'une probablement bien longue existence, que notre vie a été plutôt chouettos. Et s'y tenir. Fermement. Seulement, quand le discours ambiant n'est que jalousie, petitesse et mesquinerie, gain, gain, gain, on a l'impression de ne pas avoir les bonnes cartes en main. Je peux avoir un joker ?

Sinon, pour ses 28 ans, elle a eu un bon rhume. Plutôt original, comme cadeau. Du coup, astuce, elle a coincé un rouleau de PQ dans son tiroir, ne laissant dépasser qu'une feuille, pour attraper la panoplie de mouchoirs roses nécessaires au passage de la journée. Les gens sont astucieux, c'est épatant.
Une autre preuve que le monde tourne de façon scandaleuse, j'ai disputé avec mes deux frères une partie de MarioKart sur la Nintendo64 ou une autre monstruosité technologique du genre, et j'ai perdu tous mes petits ballons, un à un, en moins de 26 secondes à chaque partie. Ce qui n'a pas manqué d'amuser énormément les deux protagonistes sus-cités. Mais, mes bons amis, sachez qu'il y a à peine 12 ans, (et oui, tu n'étais pas encore né, bonhomme !) j'étais tout simplement IM-BA-TTA-BLE à MarioKart. Mais oui ! Mes potes de l'époque me suppliaient de les laisser gagner ne serait-ce qu'une partie, pour le respect des genres. Comme quoi. La gloire nintendesque est belle et bien révolue. Triste monde que voici. Laisser la place aux jeunes ? Ah ça, jamais.

Sinon, preuve que le monde ne changera jamais complètement tout de même, parce que bon, hein, LedZepp ça reste un bon gros plaisir musical. D'ailleurs, j'aimerais bien être une guitar hero, un jour. Ouais. Il va falloir que j'arrête d'aller nager alors, parce qu'une guitar hero sportive, ça fait désordre.
Et le désordre, d'ici quelques mois, ça ne sera plus tout à fait à la mode. Adieu, entropie. Bienvenues, petites cases.

Ah sinon, un tas de petites choses pêle-mêle, qui m'ont fait sourire, pêle-mêle aussi (oui, je suis bon public) :

Messieurs, grâce à vous, j'ai décidé de m'abonner à Télérama :
- Le paradoxe de Sarko, c'est qu'il mène une campagne à l'américaine pour obtenir un score à la soviétique.

- Avant, ma voiture ne démarrait pas, à cause de l'hiver. Maintenant, l'hiver ne démarre plus, à cause de ma voiture. ça jette un froid.

L'insulte qui asseoit
- Tu ne serais pas capable d'arranger un couteau et une fourchette, même si l'assiette te donnait le mode d'emploi.

Et si les vendeuses de chaussures pouvaient arrêter de me faire essayer le quarante, voire le trente-neuf, sous prétexte qu'il n'y a plus de quarante et un, ça pourrait être une vachement bonne idée. Je dis ça comme ça, parce qu'au niveau développement durable, il y aura forcément un impact. Un jour. Ailleurs. Mais quelque part, quoi.

Et si mes rêves pouvaient être un tant soit peu logiques, parce qu'être aussi contente d'aller manger un pudding, je refuse.

Ah, et soit il ressemble fichtrement à Corto Maltese, soit je dessine comme un pied. Dans les deux cas, ça me va.

Mince ! 22h31 : faut que je me couche les petits copains, sinon mon emploi du temps de mémère risquerait d'être déréglé. Bah oui, sans bière, je ne tiens plus le rythme.

16 janvier 2007

Avec vue


Il est reparti à l'autre bout du monde, elle est revenue du Mexique, elle part bientôt en Nouvelle-Zélande, elle a été en Chine, il part prochainement faire un tour d'Asie, sa vie à New-York est trépidante, elle voudrait s'installer un peu en Australie, elle partirait bien vivre à San Diego, Montréal lui plaît, mais il n'a pas assez de temps pour en profiter.
Et lui, il part prendre une douche, alors je me retrouve un peu seule sur le canapé rouge et je voyage. Le Brouilly m'a rendue guillerette, mais je l'étais déjà avant, parce que depuis hier je suis un peu plus Madame qu'avant hier. Dix-sept élèves, posés là, dans une ambiance aux senteurs d'hormones mâles, puisqu'une seule jeune fille est assise au milieu, timide, look de jeune gars, meilleure pote du plus grande gueule de la classe. Plongée au milieu de leur quotidien, je constate les jeux de pouvoir, les personnalités, les tempéraments. Pendant qu'ils s'essayent à un exercice créé de toute pièce, intitulé "le petit chat est mort", je parcours leurs fiches de présentation... "J'aime la basse et la guitare" : toi, tu vas être mon chouchou, c'est très net... Le plus touchant est la représentation qu'ils ont de leurs qualités et de leurs défauts "je suis assez créatif, mais je suis trop timide pour que les autres le voient". Incroyable, la naïveté, la sincérité avec laquelle ils remplissent cette petite feuille, alors que là, posés tous ensembles, l'effet de groupe prend le dessus et ils font les malins, ceux qui s'en foutent un peu mais pas trop, ceux qui répondent à mes questions et qui m'appellent Madame, me demandant l'autorisation pour aller pisser...
On a failli partir à New-York, mais finalement ce sera un week-end poker à Rouen, enfin, peut-être. Jouer. Attendre. Voir les combinaisons défiler, faire des statistiques empruntes d'une superstition que l'on croyait morte, celle de l'enfance, celle des "si la plaque d'immatriculation a le chiffre 7, c'est qu'il m'aime" (quand on vit dans le 77, c'est un peu tricher sur la chance). Trois fois la fève sur trois galettes, 2007 serait-elle chanceuse ? Quoique... Avant de démarrer le premier cours de ma courte vie, je me suis héroïquement rendue aux toilettes, y déversant toute mon appréhension, avant de constater avec stupeur et tremblement que la chasse d'eau ne fonctionnait plus. Donc, chanceuse, mais à moitié, finalement.
Il y a tant d'envies qui s'emmêlent dans ma tête aux cheveux coupés qu'il sera difficile d'y voir clair. Mais ça se dessine, tout doucement et de plus en plus nettement. Heureusement, il reste les moments intenses du métro, du train de banlieue, du café PMU perdu de banlieue loitaine, où l'on écoute les conversations et où l'on fait un bilan, seule face à son café et sa clope, Libé en poche, où l'on se sent caricature, mais où l'on est quand même drôlement contente d'exister.
Et puis, il y a des magies. Elle avait un lit en hauteur. Très haut. Très proche du toit. Il a fallu que ce soit au jour de l'An que j'y dorme pour la première fois. Vent. Pluie. Vent et pluie, abattement des éléments sur les tuiles à moins d'un mètre des couettes. Impression d'être à bord d'un navire, traversant les flots, poupe fièrement dressée. Toi, tu y as passé toutes les nuits depuis ton adolescence. Sais-tu la chance que tu as ? Ces petits riens, ces petites joies de parcours, qu'on ne raconte jamais puisque jamais l'occasion ne vient... J'imagine ce que ça a dû être, de lire, de traverser les pages, accompagnée par le remous des tempêtes, et à l'abri, magnifiquement à l'abri, sous la couette, la tempête au-dessus de ta tête. Deux nuits passées là, et j'ai eu l'impression de te connaître encore mieux, dans des recoins qu'on ne raconte pas.
Il y a des évidences, des évidences qui prennent peu à peu le dessus, et je crois que c'est ce que j'ai attendu pendant 26 ans, que des évidences prennent le dessus. Regardez bien les évidences, parce que, mine de rien, c'est superbe, une évidence. Et dans évidence, il y a "danse", et si c'est pas complètement dingue un truc pareil, je veux bien manger des huîtres.
Il est revenu de la douche et il sent la noix de coco.
Il va falloir racheter un gel douche, ce n'est tout simplement plus possible.

Finalement, parfois, on est aussi connes que dans Glamour...
- Et il a un super beau cul.
- Ah ouais ?
- Ouais, et tu sais, le cul, pour moi, c'est hyper important.
- Ah ouais ?
- Ouais, parce que, si le mec n'a pas un cul VRAIMENT bien, bin... c'est pas pareil.
- Ah ouais ?
- Ouais.


Pour d'autres, ce n'est pas "parfois", c'est juste... permanent
- Moi, je lis "Le Point".
- ...
- Bin ouais, je trouve que c'est le journal le plus objectif, niveau politique.
- ...


Et sinon, vous avez vu ?
Ne me dites pas que vous n'avez pas vu !
15 couvertures d'hebdos sur 15 pour monsieur nico...
A croire qu'il est déjà élu.
Fichtre.

10 janvier 2007

Maladresse


L'exquise... L'exquise maladresse qui vexe ma génitrice le soir de Noël ("oh, quelle bonne idée, du thé, j'en ai seulement 56 paquets !"), la délicieuse maladresse dont mes genoux sont friands ("...euh... tu peux bouger ta jambe, là... bin disons que tu m'écrase les..."), la mignonne maladresse de tous les jours, me rendant digne de concourir pour le titre de "plus belles provocations de réactions-domino de la planète"...
Voilà. Désolée, Marcello, tu es à côté de moi, et je n'écris jamais à côté des autres, sauf quand je suis payée pour pondre des plaquettes d'information, cas suffisament rare pour être consigné ici-même. Tu es à mes côtés et tu es responsable de ce titre, "maladresse", dont je n'arrive pas à puiser la moindre inspiration, mais peut-être est-ce à cause du Merlot (j'avais envie de te faire la blague du Merleau-Ponty, sais-tu, mais je n'ai même pas osé, cette blague n'aurait plu qu'à ma prof de philo de terminale, fan absolue du sus-nommé, qui avait une tête de tortue mais qui avait pourtant souvent raison, bien que le tort tue, ahah). Ou alors, des pâtes aux poireaux, la faute. Etrange idée. Mais tu me connais, le poireau, je le mets à toutes les sauces, et ma vie sans poireaux ne serait pas ma vie. Mais ce sujet a déjà été traité ici. Innovons quoi, mince, c'est la nouvelle année, place aux idées révolutionnaires. Les courgettes, par exemple, c'est pas mal non plus. Pourquoi tous les légumes et fruits ont une apparence si sexuelle ? Question sans réponse. Voilà. C'est ma révolution : laisser des questions sans réponse. Toi, lecteur, qui comptait sur moi pour régler les plus pertinentes questions suscitées par ton existence quotidienne mais néanmoins spirituelle, te voici tout chamboulé par cette information. Laissons les questions sans réponse. Voilà mon programme pour deux mille sept. Les plantes ne sont pas en reste non plus. L'amarylis que j'ai reçu pour mon happy birthday porte plutôt mal son nom, à moins qu'Amarylis signifie en grec ancien "superbe érection du tonnerre". Je suis tellement gênée par l'aspect de cette plante, à la vigueur très peu chlorophylle, que je l'ai passée du salon à la chambre. Ne laissons pas cette évocation troublante en présence des probables invités, mettons-là plutôt en produit d'appel à moins de deux mètres du lit.
"Que l'on est bête, quand on est amoureux, que l'on est bête, mais que l'on est heureux" : je repense à ces paroles de ce cher Thomas Fersen, et je m'aperçois qu'elles sont bien vraies. Non que je me sente spécialement idiote en ce moment, je n'oublie pas de réfléchir au sens de la vie, à mon vote prochain, à la production de petits-pois au Népal et à changer de pilule, mais n'empêche, ce serait difficile de raconter, d'exprimer, mon bonheur-bulle actuel. Alors je vais m'en passer. Et puis du coup, comme Marcello est à côté, je vais arrêter d'écrire pour aller parler, mon deuxième plaisir dans la vie après bien d'autres, et ne cherchez pas d'embrouille, il n'y en a aucune. Et promis, le prochain fera plus de 65 lignes et aura huit jeux de mot poilants à la minute. Et il sera plein de questions hyper essentielles concernant le sens de cette putain de vie qui passe à vue d'oeil même pour un borgne et même que le temps c'est comme le fric, ça passe trop vite et même depuis quelques heures, ça se détraque, si l'on ne peut plus compter sur ça que va-t-on devenir ? Augmentation du coût de la vie et réchauffement climatique : même combat. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est de la faute à Nicolas, mais j'en aurais presque envie, c'est la faute au Merlot.
Heureusement que j'ai coupé mes cheveux, ça se verra moins, quand les soucis me les feront tomber.

Et sur ce, une bien bonne fin d'année 2007 à vous, remplie de poireaux.

Des ravages des soirées d'anniversaire sur les esprits scientifiques chevronnés :
- Et sinon, t'as eu 26 ans à quel âge ?

Des considérations physiques de la part d'une non-physicienne :
- C'est quand même dingue que la bouillotte conserve la chaleur à ce point !
- Ah mais c'est normal : la bouillotte, elle reste chaude parce qu'elle a une petite couverture.


De la poésie sur autoroute FM
- Nan mais parce que, quand tu prends la route, tu vas vers un quelque part, et ce quelque part il est toujours humain.

PS : C'était un nouvel an saveur mandarine. Le plus complet et le plus doux des nouvels ans.
PS2 : et ce n'est absolument pas une raison pour arrêter de fumer, j'arrêterai de fumer à Pâques, et j'interdis formellement à tous les moralisateurs de me dire que c'est mal de fumer, parce que d'une, c'est drôlement bien et de deux, c'est écrit sur mon paquet quotidien et j'ai beau porter des lunettes, je vois, je vois. C'était ma rébellion de 2007, merci et bonne soirée.

6 décembre 2006

Meme pas peur

Absolument. Aucune crainte à reprendre le clavier après plus d'un mois d'absence. Parce qu'entre-temps, j'ai vécu tellement de choses fabuleuses et épatantes que je sens au fond de moi que ce post ne peut pas vous décevoir, surtout pas toi, oui toi. D'ailleurs, ma vie est une telle réussite que j'éprouve presque de la commisération à l'étaler ainsi, à la face du monde. Et j'ai failli écrire "fesse", c'est amusant, la danse des doigts sur le clavier, mmm. Mais oui, car je me soucie de vous, surtout de toi, oui toi. Comment allez-vous considérer votre propre existence, quand vous aurez appris que j'ai passé tout un week-end à Froncles ?! Oui ! A deux pas de Colombey-les-deux-Eglises ! Mais oui, tout près de la tombe du Général ! Le groupe de ska le plus fou entamait ainsi sa tournée mondiale, que voulez-vous, nous n'avons peur de rien, c'est ainsi. Le monde se divise en deux. Le nord, et le sud. C'est aussi simple que ça. Et quel regard porterez-vous sur votre quotidien quand je vous aurai avoué qu'il y a seulement DIX jours, j'étais au volant d'une Fiat Panda Emotion ?! Bleue, qui plus est ! Et que le moindre créneau m'a demandé 78 coups de volant, tandis que ma copilote voulait mourir. Car oui, la Fiat Panda Emotion porte très bien son nom. A chaque enclenchement de la marche arrière, une sonnerie infâme retentit dans l'intégralité de l'habitacle (j'insiste sur la notion d'intégralité). Vous passez ainsi d'un sentiment de relaxation total "je conduis tranquillement dans Tours" à une phase de début de stress " ah fichtre, il faut que je me gare" pour finalement terminer dans un état proche de la folie meurtrière "putain de sonnerie à la con bordel de merde" (j'ai retiré les gros mots pour ne pas choquer les lecteurs mineurs). Puis, vous constatez que ce créneau hallucinant a uniquement servi à garer la cariole sur un trottoir spécialement dédié à l'interdiction de stationner. Avouez que des émotions pareilles, ça ne court pas les rues. Mais cela nous a permis d'aller nous promener sur les bords de Loire, et surtout sous la pluie. Ce qui est tout précisément agréable, sans parapluie, quand on aime les émotions fortes en adrénaline puissante qui parcourt l'échine. C'était bien nécessaire, parce que nous avions décidé de refaire le monde et sans pluie, c'est très difficile. Non pas que nous ayons peur de la difficulté, la Cigogne et moi, mais lorsque nous nous attelons à une tâche cruciale pour le reste de l'humanité, qui implique tout un chacun et surtout toi, oui toi, nous mettons toutes les chances de notre côté. Nous sommes ainsi faites, que voulez-vous. Et j'espère que vous avez remarqué la différence, parce que nous y avons mis du nôtre. J'irais jusqu'à dire qu'on a tout donné, si j'étais commentateur sportif. Tenez, par exemple, depuis, il fait beau, les femmes ont le droit de vote, la cellulite est éradiquée de la surface des corps, et Noiret est mort. Bon ça, j'étais pas trop pour, mais elle a insisté, et elle est très persuasive, alors bon. En tout cas, depuis ce moment précis, je suis heureuse. ça couvait depuis un petit moment, je le sentais venir. Bon, j'étais pas trop pour, parce que le bonheur, c'est bien gentil mais c'est plat comme la Belgique, à raconter. Par exemple, si je vous dis qu'en revenant de Bologne, le pilote nous a fait un petit cadeau bonus en nous offrant un ciel dégagé sur Paris lumineux, pile pour le vingt heures avec la Tour Eiffel qui scintille intégralement (j'insiste là aussi sur la notion d'intégralité), je ne sais pas si les mêmes frissons d'émerveillement vous effleurent. En tout cas, moi qui n'ai pas la téloche, je vous l'assure, ça change de PPDA. Mais rassurez-vous immédiatement, les catastrophes amusantes pimentent toujours ma vie. L'abcès immonde qui investit mon espace buccal pendant mon séjour en Italie, me gonflant la joue de façon immodérée et me gâchant mes pastas, il était bien au rendez-vous. Le découvert non-autorisé qui m'oblige à emprunter des euros à une personne sans salaire était tout pile poil à l'heure. Et le rendez-vous chez le stomato qui a décidé de s'acharner en m'enlevant non pas une, non pas deux, mais bien TROIS dents de sagesse après-demain, il est gravé dans le marbre. Mais je vais être courageuse et faire face à l'adversité, parce que oui, après tout, "même pas peur".

De la joie d'avoir un frère qui vous connaît mieux que vous-même :
- Tu devrais sauvegarder tes photos sur un cédé.
- Ouais, ouais, carrément.
- Bin fais-le maintenant !
- Nan, là, j'ai la flemme, je le ferai dimanche.
- Rha, nan mais je te connais, je t'appelle dimanche soir, tu verras tu ne l'auras pas fait.

Texto du lundi matin :
- Ouais bon j'ai oublié de t'appeler hier soir mais je suis sûr que tu ne l'as pas fait.
- Ok, ok, t'as gagné...


De la joie de partager les rêves de ses amis :
- En ce moment j'invente des mots dans mes rêves.
- Nan ?!!!
- Si.
- Genre ?
- Genre "obvrélique".
- Ah ouais, quand même.


Du mystère des phrases maternelles :
- Rha mais tu peux pas ranger ça ?! ça te prend 30 secondes et moi une demie-heure !

Du savoir-vivre :
- Tu peux me raconter deux fois la même blague, ça me fera autant marrer, parce que, entre-temps, j'oublie.
- Donc en fait, toi, dans la vie, tu profites toujours des choses deux fois.


Et vous êtes gâtés, parce que j'ai ressorti ma plus belle photo de niou-iorke rien que pour vos mirettes. ça ne vaut pas Froncles, mais j'avais oublié mon appareil photo.